Alice Krieg-Planque

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samedi 12 juin 2010

Hildegarde de Bingen est élue sainte-patronne de l’analyse du discours

• Sainte-patronne de l’analyse du discours

Le mercredi 26 mai 2010, conformément à l’ordre du jour qui avait été envoyé par email une semaine avant le scrutin, la communauté a procédé à l’élection de la sainte-patronne de l’analyse du discours. La communauté était représentée par Sœur Alice des Noms d’Oiseaux (présente), Sœur Blanche du Rosaire Elégant (présente), Sœur Françoise de la Très Précieuse Confession (présente), Sœur Caroline des Saintes Stations (procuration). Elle est heureuse d’annoncer que le suffrage a désigné, à l’unanimité, Hildegarde de Bingen (1098 - 1179).

NB : Ce classement doit néanmoins encore être soumis à l’avis de Frère Dominique du Saint Rapport.

La communauté a estimé que l’ensemble du dossier d’Hildegarde de Bingen présentait toutes les garanties morales et scientifiques nécessaires à la charge. De façon à mettre en évidence l’adéquation des qualités de la candidate avec celles requises pour la fonction, on préférera souligner ici de façon synthétique les points forts du dossier plutôt que de procéder à un récit chronologique de la trajectoire suivie (pour une perspective biographique et documentaire, on se reportera par exemple à : Charles Munier, La vie de Sainte-Hildegarde et les actes de l’enquête en vue de sa canonisation, Paris, Editions du Cerf, coll. Sagesses chrétiennes, 2000, 219 p.). Il ressort du dossier les éléments suivants, jugés particulièrement pertinents du point de vue de l’analyse du discours :

- un ancrage pluridisciplinaire réel (lecture, écriture, peinture, enluminure, gravure, chant, composition musicale…)

- l’alliance confirmée de la créativité poétique et d’une faculté à appréhender les contraintes des structures linguistiques (composition de la Lingua ignota, langue construite, dotée d’un alphabet inédit, Litterae ignotae)

- une capacité à explorer les potentialités signifiantes de différents types de matérialités et de supports (gemmes, sons, couleurs, plantes, organes animaux…), ouvrant ainsi la recherche vers des perspectives sémiotiques plus larges

- une ambition à poser les termes d'un certain nombre de thématiques émergentes (par exemple, l'angélologie)

- une formation initiale à dominante contemplative plutôt que strictement académique (entrée au couvent contemplatif de Disibodenberg en 1112, à l’âge de 14 ans)

- une bonne compréhension du contexte institutionnel (comme en témoigne la correspondance adressée par Hildegarde de Bingen à l’empereur Frédéric Barberousse ou encore aux instances pontificales)

- la mise en œuvre de la diffusion des connaissances par les moyens institutionnels adéquats (une fois devenue abbesse, à 38 ans, Hildegarde de Bingen fonde deux couvents, l’un à Bingen et l’autre à Eidingen)

- une activité prosélyte modérée, n’obérant pas la capacité à dégager le temps nécessaire au plein exercice de la recherche (en l’occurrence, quelques voyages en Allemagne et plus largement en Europe, pour prêcher dans les cathédrales et les couvents), ainsi qu’une activité éditoriale de prédication (rédaction des Expositiones Quorundam evangeliorum)

- des qualités visionnaires, entraînant extases mystiques et manifestations somatiques sans dommage pour la longévité (Hildegarde de Bingen est morte à 81 ans)

• Prix d’encouragement à l’excellence

Après étude minutieuse des dossiers, la communauté a par ailleurs décidé de distinguer des profils particulièrement méritoires et prometteurs en décernant deux prix d’encouragement à l’excellence :

Sainte-Véronique (déjà par ailleurs sainte-patronne des photographes) a été distinguée sainte-patronne de l’analyse du discours suppléante, pour ses travaux sur les transferts iconiques, pour sa réflexion sur la thématique “original / copies” (circulation des images et pluralité des versions), et plus globalement pour le renouvellement du champ sur les usages sociaux des signes iconiques. Dans une logique de réseau, la lauréate est encouragée à mettre en place des relations avec des laboratoires d'excellence dans le domaine de l’anthropologie de l’écriture (chercheurs-référents : Jack Goody et Béatrice Fraenkel).

Saint-Jérôme (déjà saint-patron des traducteurs) a été distingué saint-patron de l’analyse du discours chargé du secrétariat, pour ses travaux de traduction en latin de la Bible à partir du grec et de l’hébreu, et plus globalement pour son œuvre sur la vulgate, ainsi que pour son travail d'exégèse. L'objectif apologétique de la recherche a été particulièrement apprécié. De façon à renforcer les relations partenariales, le lauréat est encouragé à développer des collaborations scientifiques croisées dans cinq directions : traductologie, didactique, critique génétique, philologie, droit international des brevets. Une intégration des thématiques liées aux politiques linguistiques dans le cadre de l’élaboration d’un espace public européen intégré serait la bienvenue.

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